Présentation de l’ULIS (Unité Localisée d’Inclusion Scolaire)

par M. Petit

Cette année, treize élèves en situation de handicap visuel sont scolarisés à l’ULIS.
Ils sont encadrés par une enseignante spécialisée, Mme Petit, et deux AESH, Mme Cartier et M. Vergne.

En ce qui concerne le matériel, les élèves disposent, en plus de leur matériel pédagogique adapté, d’outils spécifiques mis en place dans de nombreuses classes comme des vidéo-loupes, des téléagrandisseurs, des écrans reliés au poste du professeur, des loupes, des monoculaires, des pupitres de lecture ou d’écriture, du matériel scientifique et mathématique adaptés, etc.

De plus, tous les cours, exercices, contrôles ou documents distribués par les enseignants sont travaillés par l’équipe de l’ULIS et adaptés en fonction des besoins spécifiques de chaque élève pour leur permettre de suivre leur scolarité dans les meilleures conditions possibles. Pour atteindre cet objectif, l’ULIS travaille en étroite collaboration avec tous les professeurs et les professionnels du SIAM.

Pour mener à bien ses missions d’inclusion scolaire des jeunes déficients visuels, l’ULIS a mis en place de nombreux projets :
Les modules d’enseignement ;
La remédiation et l’approfondissement scolaire ;
L’aide aux devoirs ;
Les ateliers inclusifs ;
La sensibilisation au handicap et à la différence.

1. Les modules d’enseignement

Les enseignements aux élèves en situation de handicap visuel sont organisés en modules. Ce système offre une grande souplesse qui permet de répondre, en temps réel, aux besoins des élèves (tiers-temps imprévu, fatigue, surcharge...), tout en leur fournissant un cadre d’apprentissage. De plus, en fonction de leur progression ou de leurs rééducations, un module peut se dérouler sur une période définie ou sur l’année.

1.1. Le braille littéraire

La maîtrise de la lecture et de l’écriture sont des conditions nécessaires à la réussite des élèves dans toutes les matières (compréhension des consignes, des documents, restitution des savoirs...). C’est pourquoi, une attention toute particulière est portée à la maîtrise du braille littéraire.

Objectifs pédagogiques :
Travailler la vitesse de décodage .
Travailler la compréhension.
Travailler le vocabulaire.
Travailler l’orthographe.

1.2. Le braille mathématique

En braille, le texte ne peut être que linéaire : les caractères font tous la même taille et sont tous situés sur une même ligne qu’il s’agisse de fractions, d’exposants, de fractions de fractions, de fonctions, d’équations... Sans indices visuels et sans vision globale, les mathématiques exigent une concentration sans faille et la maîtrise d’un code spécifique : la notation mathématique braille. Cela nécessite un apprentissage.

Objectifs pédagogiques :
Travailler le décodage sur papier.
Travailler l’encodage sur informatique.
Travailler la compréhension.

1.3. L’informatique adapté

Un élève déficient visuel est susceptible d’utiliser, selon son handicap et les tâches qu’il souhaite réaliser un certain nombre de matériels techniques de compensation. L’accompagner dans l’apprentissage de cet outil lui permet de gagner en efficience dans son « métier d’élève  », d’acquérir davantage d’autonomie et de limiter sa fatigabilité.

Objectif pédagogique : travailler la maîtrise des outils informatiques afin que les élèves puissent se détacher petit à petit du visuel afin d’augmenter leur efficacité en cours et réduire leur fatigue.

1.4. Le dessin en relief

Un apprentissage de la lecture des dessins en relief est nécessaire afin que, dans leurs parcours scolaires, les élèves déficients visuels acquièrent une méthodologie et une pratique d’exploration tactile. Ils doivent effectuer plusieurs opérations mentales pour comprendre la signification des formes et la valeur des textures qu’il touche afin de se faire une représentation du dessin. Cela demande l’appropriation de codes et de l’entraînement pour devenir le plus autonome possible dans cette activité. Une fois maîtrisée, cette technique ouvre le champ des possibles en terme d’apprentissage, d’orientation et de culture.

Objectifs pédagogiques :
Travailler le toucher (attitude, méthodologie, exploration tactile...).
Travailler les stratégies complexes de lecture de cartes et de schémas.
Développer l’autonomie dans la lecture de dessin en relief.

1.5. Les représentations spatiales

Les capacités spatiales entrent en jeu dans des domaines variés tels que le scolaire (géométrie, géographie...), les jeux et tous les actes de la vie quotidienne (déplacements, repas...). L’absence ou l’altération de la prise d’informations visuelles perturbent ces activités. Une formation et un entraînement ciblés peuvent permettre aux élèves de compenser, du moins en partie, ce manque et de gagner en efficacité dans leurs activités, qu’elles soient scolaires ou quotidiennes.

Objectifs pédagogiques :
Travailler le toucher (attitude, méthodologie, exploration tactile...).
Travailler l’orientation (orientation absolue, mesures, points cardinaux, échelles, repère orthonormé, plan...).
Travailler le tracer (gestes et stratégies haptiques).
Travailler les projections et les représentations (notion de 2D et de 3D, projection orthogonale, forme dépliée, vue en coupe, origami, schéma normalisé).
Travailler les stratégies complexes de lecture de schémas (techniques, dessin en relief, carte, représentation de CRAM...).

2. La remédiation et l’approfondissement scolaire

En pédagogie, la remédiation est un dispositif plus ou moins formel qui consiste à fournir à l’élève de nouvelles activités d’apprentissage pour lui permettre de combler les lacunes diagnostiquées lors d’une évaluation formative. A l’ULIS, l’enseignante a recours à différentes propositions pédagogiques qui, pour être efficaces, doivent être sensiblement différentes des méthodes utilisées lors de la phase d’enseignement : aides audiovisuelles, informatiques, enseignement individualisé, enseignement mutuel, nouveaux exercices, nouveaux documents à étudier, situations différenciées, etc.

Pour les aider à approfondir leurs connaissances et à développer leur autonomie, les élèves ont accès « en libre service  » à deux ressources créées par l’enseignante :
Une banque numérique d’exercices pour toutes les matières et tous les niveaux dans laquelle les élèves peuvent venir piocher en fonction de leurs besoins pour remédier à des difficultés ou approfondir leurs connaissances est en cours de construction.
Une bibliothèque audio ou papier est également pour nos élèves le prétexte à l’enrichissement du lexique et à lutter contre le verbalisme. Chaque nouveau mot, rencontré au cours de la lecture, est noté dans un fichier informatique dédié et accompagné de sa définition et de sa transposition dans différents contextes.

3. L’accompagnement aux devoirs

L’accompagnement aux devoirs permet aux élèves de l’ULIS de bénéficier d’une aide appropriée de la part de toute l’équipe de l’ULIS pour effectuer le travail qui est attendu d’eux. Chaque élève a ainsi la possibilité de travailler individuellement, au calme, pour faire ses exercices, répéter ses leçons ou exercer sa mémoire et son sens de l’analyse, avec la possibilité d’être aidé quand il en a besoin.

C’est également un moment privilégié pour l’apprentissage de l’autonomie : il s’agit pour l’élève de questionner les démarches proposées, d’interroger ses propres méthodes, de mettre à l’essai ce qu’il a compris, de réinvestir les apprentissages tout en bénéficiant, au besoin, de l’accompagnement de l’équipe de l’ULIS.

4. Les ateliers inclusifs

Les ateliers sont des temps collectifs, ludiques et pédagogiques. Ils ont pour objectifs principaux de travailler le vivre ensemble, la culture générale et l’estime de soi des élèves. Cette année, deux ateliers ont été proposés élèves.

4.1. Le Do it Youself (DIY)

Les élèves de l’ULIS arrivent plus tôt que les autres au collège du fait de leurs taxis et des aléas de la circulation. Avec leur enseignante spécialisée, ils mettent à profit ce temps pour créer du lien, s’ouvrir au monde et à la diversité culturelle. C’est ainsi que sont nés Les Ateliers du matin des Lève-Tôt ! La thématique des ateliers change tous les ans. Cette année, les ateliers ont abordé le DIY. En effet, les loisirs créatifs présentent trois intérêts pédagogiques majeurs :
ils développent la créativité des jeunes ;
ils créent des liens entre les élèves en leur faisant faire quelque chose ensemble ;
ils développent l’autonomie des jeunes, leur estime d’eux-mêmes et leur envie d’apprendre.

En réalisant nos créations, nous prenons le temps. Le temps d’être ensemble, le temps de faire des erreurs, le temps de les réparer. Ce n’est pas grave si le résultat n’est pas parfait car le meilleur moyen de progresser c’est d’essayer et de s’entraider.

Un blog a été créé pour partager nos idées et nos créations : https://www.les-leve-tot.fr/

4.2. La micro-entreprise

Afin de mobiliser les élèves volontaires dans un véritable dispositif à visée professionnelle, nous avons créé, avec l’aide de Mme Selmani, professeur de technologie, une micro-entreprise au sein du collège. Après un « brainstorming » pour réfléchir à leur produit, les élèves ont effectué une étude de marché auprès de la population cible avant de réaliser un prototype. Il nous faut maintenant passer du prototype à la fabrication et à la commercialisation. Notre produit est un outil qui permet de travailler la latéralisation dans le passage de l’apprentissage de la lecture du braille à son écriture. Cette expérience permet aux élèves de prendre conscience de leurs qualités. Elle a aussi pour but de faire naître chez certains le goût de l’entreprise et de leur faire connaître différents univers professionnels.

5. La sensibilisation aux handicaps et à la différence

5.1. La formation des élèves

Des ateliers sont organisés conjointement avec le SIAM78, en présence des professeurs principaux, pour toutes les classes de sixième de l’établissement afin de développer une attitude positive d’écoute et d’attention chez les élèves et de lutter contre la maltraitance physique, psychique et la négligence passive. Ces interventions s’intègrent parfaitement au Parcours Citoyen et au Parcours Avenir des élèves puisqu’elles ont permis de contribuer à leur formation de citoyens et à la découverte de métiers, souvent peu connus mais riches et porteurs.

Pour que l’inclusion scolaire et le respect des différences soient un succès, il faut balayer la peur et l’ignorance pour faire place à la connaissance. C’est pourquoi nous débutons nos séances de sensibilisation par l’intervention des orthoptistes qui présentent le fonctionnement complexe de la fonction visuelle, de l’œil au cerveau. Les différentes pathologies de la vision sont ensuite abordées. Pour rendre plus concret cet échange et marquer les esprits, la classe est mise en situation de handicap visuel grâce à des lunettes de simulation de la malvoyance. Les élèves doivent alors réaliser des tâches scolaires simples comme trouver une information dans un texte, écrire quelques lignes ou lire une consigne au tableau.
L’atelier de locomotion puis l’atelier braille sont également des prétextes au travail de nouvelles compétences civiques.

Objectifs pédagogiques :
Sensibiliser les élèves au handicap visuel.
Modifier le regard des élèves sur les personnes en situation de handicap.
Aborder avec les élèves, de manière pratique et concrète, les notions d’accessibilité, de relations humaines et de compensations liées à une déficience.

5.2. La formation des adultes

L’enseignante spécialisée intervient tant au niveau du collège que de l’académie pour apporter son expertise auprès des enseignants ou des AESH amenés à exercer leurs fonctions auprès de jeunes en situation de handicap visuel. Le but de ces interventions est de sensibiliser les personnels à l’école inclusive et de proposer des outils, des savoir-faire et des savoir-être à utiliser en classe.

Objectifs :
Faire comprendre ce qu’est la malvoyance.
Sensibiliser les personnes du collège ou de l’académie intervenant auprès d’élèves en situation de handicap visuel aux difficultés spécifiques rencontrées par ces jeunes.
Donner des clés pour adapter son enseignement ou son intervention auprès de ses élèves.